"l'ombre du murier"

Publié par Lilou sur 1 Septembre 2012, 12:08pm

Catégories : #A méditer

Un homme riche possédait une magnifique maison avec un jardin. A l’entrée de ce jardin, il y avait un grand mûrier. Quand le soleil brillait fort, le riche s’allongeait avec plaisir à l’ombre de son mûrier.

Un jour d’été, peu avant midi, il revient du village. Sur le bord du chemin, il aperçoit un mendiant couché à l’ombre de son mûrier. Il lui fait signe de déguerpir :

- Tu n’a rien à faire là. C’est moi ai planté cet arbre, c’est moi qui l’ai arrosé. Grâce à mes soins, il est devenu grand. Tu profites de son ombre alors qu’elle m’appartient. Ouste, va-t-en !!

- Je suis bien ici, répond le mendiant. Je possède juste quelques pièces mais je suis prêt à t’acheter l’ombre de ce murier.

Le riche avait toujours envie de s’enrichir plus. Immédiatement il pense à l’argent qu’il va gagner en vendant une ombre sans valeur.

- J’accepte de la vendre !

Aussitôt, le marché est conclu en présence de plusieurs témoins. Voilà le riche ravi d’avoir fait une superbe affaire, vendre une ombre, vendre du vent… et le mendiant sans un sous est heureux, heureux d’être propriétaire, d’être le nouveau propriétaire de l’ombre du murier.

Plus le soleil descend à l’horizon, plus l’ombre s’étire dans le jardin. Dans l’après-midi, elle s’étend jusqu’au seuil de la maison. Le mendiant se dit : « chouette, ma propriété s’agrandit, je vais inviter des amis ! ».

Bientôt le riche voit arriver de nombreux inconnus, en guenilles et savates, qui sa vautrent devant sa maison, à l’ombre du murier.

Fou de rage, il se précipite dehors :

- Foutez-moi le camp, disparaissez ! Vous êtes ici chez moi !

- Pas du tout, répond le mendiant avec un large sourire. Tu te rappelles, tu m’as vendu l’ombre du mûrier, elle m’appartient. Je peux donc rester là où elle se pose. ET si j’en ai envie, je peux inviter quiconque.

Le riche reste sans voix et ne peut rien dire.

Plus tard, des voisins rendent visite au riche. Ils s’étonnent de trouver tant de miséreux dans son jardin. Mais le riche ne donne aucune explication à ses voisins et les fait rentrer chez lui.

A l’heure du soleil couchant, l’ombre du mûrier passe à travers la fenêtre et se répand dans la maison.

Soudain, le mendiant entre dans le salon avec un vieil âne. Dans un grand silence, il s’allonge avec l’animal sur un tapis en soie.

Effarés, les invités demandent au riche :

- Mais pourquoi cet homme miséreux s’installe chez toi comme s’il était dans sa propre maison ?

Le riche, couvert de honte, est contraint de raconter le marché conclu. En entendant cette histoire d’ombre vendue, les invités éclatent de rire…

Le lendemain, tout le monde est au courant et le riche devient la risée du village. Vexé, humilié, il abandonne sa propriété et quitte le pays.

Depuis, le mendiant profite pleinement du jardin et de la magnifique maison. Et quand il aperçoit quelqu’un allongé à l’ombre du mûrier, il le laisse paisiblement se reposer.

l'homme sans soucis""

Les pierres jetées à la mer

Commenter cet article